A Man

@Electra : 

ある男

 
  • Genre :  Drame
  • Année : 2022
  • Présenté au Festival de la Mostra de Venise
  • Titre original : Un certain homme
  • Adapté du roman éponyme de Keiichirō Hirano

Le film a été réalisé par ISHIKAWA Keiréalisateur japonais, connu pour ses films tels que Gukôroku Traces of Sin et Mitsubachi to enrai.

Dans la région boisée de Miyazaki, TAKEMOTO Rie (ANDŌ Sakura), jeune mère divorcée, fait la connaissance du très timide TANIGUCHI Daisuke (KUBOTA Masataka). La jeune femme a perdu son plus jeune enfant d’un cancer et son mari les a abandonné. Ils tombent rapidement amoureux. Quatre ans plus tard, Daisuke a appris le métier de bûcheron et a adopté le fils ainé de Rie, Yūto. Ils ont eu ensemble une petite fille prénommée Hana. Daisuke mentionne rarement son passé, en particulier sa famille, propriétaire d’une chaine thermale.

Un jour, Daisuke emmène son fils avec lui en forêt mais il meurt subitement écrasé par un arbre. Un an plus tard, lors de la commémoration de sa mort, son frère aîné, TANIGUCHI Kiyoshi (MASHIMA Hidekazu), se présente chez eux, mais à la plus grande surprise de Rie, il ne reconnaît pas l’homme en photo sur l’autel.

Rie fait alors appel à l’avocat qui l’avait aidé lors de son divorce, KIDO Akira (TSUMABUKI Satoshi) afin de découvrir la réelle identité de son époux. L’avocat, d’origine coréenne (3ème génération) part à la recherche de cet homme mystérieux qui a volé l’identité d’un autre homme. Peu à peu, la vérité, troublante, apparaît, plongeant Rie mais également Akira dans une confusion totale des sentiments. Qui était cet homme ? Pourquoi a-t-il choisi de prendre l’identité d’un autre ? Où se trouve le véritable Daisuke ?

Akira enquête et apprend ainsi que des milliers de Japonais disparaissent volontairement chaque année et que des entremetteurs leur permettent d’obtenir de nouveaux papiers. Lors de sa visite à l’un d’eux en prison, ce dernier devine très vite, ses origines coréennes, qu’il tente de dissimuler. Il lui dit alors qu’il ne vaut pas mieux que ces gens-là… Quant à Rie, elle ne peut offrir de sépulture à cet homme, tant qu’il n’a plus de nom et elle doit avouer la vérité à son fils aîné qui souffre terriblement de l’absence de son père. Devra-t-il encore changer de nom ?

L’avis d’@Electra :

Je n’ai pas pu résister à l’envie de noter immédiatement mes impressions en sortant du cinéma. Pendant un peu plus de deux heures, j’étais au Japon avec Akira, Rie, Daisuke et Yūto et je n’avais plus envie de les quitter. Le film ouvre avec un scène hypnotique, un jeu de miroir. Dans un bar, un cadre vide encadre une toile, qui révèle le portrait d’un homme, peint de dos, qui regarde un miroir, reprenant cet homme vu de dos.  Un homme vient s’asseoir au bar, mais on n’aperçoit que son épaule.

Quatre ans plus tôt, deux adultes timides tombent amoureux, Rie et Daisuke. Un bonheur fragile, brisé soudainement par la chute d’un arbre. Et enfin cette question, qui était l’homme que Rie a aimé ? Qu’elle a épousé ? Dont elle a eu un enfant ? Un voleur, selon l’ainé TANIGUCHI, qui voit ce vol d’identité comme une tentative d’extorsion de leur fortune. Mais Akira n’y croit pas, et en poursuivant son enquête, qui va le mener dans plusieurs endroits du pays, il va peu à peu révéler la vérité.

Le Japon est un pays qui place la famille au-dessus de tout. Mais lorsque vous êtes mal né, vous portez alors toute votre vie le poids du passé. Des pêchés commis par vos aïeuls. Alors, pour ne plus porter ce poids illégitime, ces personnes choisissent de renaître, sous une nouvelle identité, loin du regard inquisiteur de la société nippone. Ils ont le droit à la vie, à leur propre vie.

L’identité est le thème récurrent de ce film qui aborde ainsi ce sujet de manière tellement intelligente et subtile. Avec de vraies touches de poésie, comme en voyant Daisku emmener son fils ainé avec lui en forêt. J’ai pensé immédiatement à ce lien, pas celui du sang, mais celui de l’amour, celui du choix d’aimer. Et puis, j’ai pensé, aux toutes premières minutes du film que le jeune garçon qui interprète Yūto, SAKAMOTO Aito sera plus tard un immense acteur. Et le reste du film a suffi à me le prouver.

Tous les acteurs sont incroyables, en particulier le trio TSUMABUKI Satoshi, ANDŌ Sakura et KUBOTA Masataka. Chacune de leur scène vaut de l’or. Leur jeu est magnifique. On s’attache à ces personnes simples, qui portent sur elle un fardeau immense. Rie, celui de son fils mort, Daisuke, son passé et Akira qui cache honteusement ses origines coréennes, dans un pays encore gangréné par la xénophobie.

Nous sommes loin du Japon mis à l’honneur ces derniers temps, pour sa sagesse ou son mode de vie. Ici, c’est un pays violent avec ses habitants, qui les condamne dès leur naissance à porter le poids de leurs ancêtres. Un film coup de poing, avec une scène finale exceptionnelle. Un très grand moment de cinéma. Il mérite amplement tout le buzz et toutes les récompenses qu’on a pu lui accorder. Un film troublant, qui va me hanter longtemps.

Casting : 

  • KIDO Akira : TSUMABUKI Satoshi
  • TANIGUCHI Rie : ANDŌ Sakura 
  • TANIGUCHI Daisuki : KUBOTA Masataka
  • GOTŌ Misuzu : SEINO Nana
  • TANIGUCHI Kiyoshi : MASHIMA Hidekazu
  • TANIGUCHI Yūto : SAKAMOTO Aito
 

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